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BAL MASQUÉ 2018

APAPUS /  Noël 2018

En décembre, nous retournions au Théâtre Granada à Sherbrooke pour une prestation privée, 17 ans jour pour jour après y avoir donné notre tout premier spectacle corporatif.  Un immense merci à Pascale et Patrick pour cette belle invitation. Et un merci tout spécial à Anne-Marie Quirion, ça n’aurait pas été aussi visuellement solide sans toi, c’est certain.  Et parce qu’on y était ensemble, 17 ans après avoir présenté l'intégrale de notre spectacle Fantasmagoria.

https://www.journaldemontreal.com/2018/06/20/spectaculaire      Spectaculaire!  La comédie musicale Fame impressionne grâce à ses numéros de danse enlevants   Juste pour rire avait du pain sur la planche en adaptant la célèbre comédie musicale Fame. Et son instigateur Serge Postigo peut aujourd’hui se vanter d’avoir remporté son pari. Même s’il ne réinvente rien au niveau musical, le spectacle rehausse les standards en matière de danse avec ses chorégraphies rodées au quart de tour et souvent franchement impressionnantes.

Fame. On connaît le titre, on connaît la chanson. Mais les grandes lignes du récit ? Plusieurs les ignorent. Ce spectacle musical, inspiré du film du même titre, suit le quotidien d’une bande d’adolescents inscrits à la célèbre High School of Performing Art de New York, une école de formation artistique aussi renommée que sélective.

Oui, la trame narrative est particulièrement mince. Pourtant, Serge Postigo (qui signe à la fois la mise en scène, la traduction et l’adaptation de l’œuvre) a réussi le solide exploit de rendre sa relecture du récit original intéressante en élevant sa facture visuelle bien au-delà des attentes. Résultat : on a droit à un spectacle véritablement homogène, plutôt qu’à un simple enchaînement de numéros musicaux.

Chorégraphies de haute voltige

Évidemment, ce sont tout de même ces numéros musicaux qui font de sonFame une réussite. Rarement aura-t-on vu des chorégraphies aussi impressionnantes dans une comédie musicale québécoise.

Le chorégraphe Steve Bolton (qui signait également les numéros de danse deMary Poppins et Footloose) a visiblement élevé le niveau de qualité de plusieurs crans, surtout lorsqu’il marie le ballet classique et le hip-hop, pour créer des numéros de haute voltige.

Et la musique ? Soyons francs, Fame ne dispose pas des nombreux vers d’oreille qui permettent aux Footloose, Grease et autres Chicago de ce monde de capter instantanément, et facilement, l’attention des spectateurs. Non, on ne quittera pas la salle de spectacle en fredonnant les airs autres que la pièce-titre. Mais on quittera tout de même la salle habités par certaines performances vocales franchement impressionnantes entendues au cours de la soirée.

Divine Marie Denise

À ce chapitre, on ne vantera jamais assez l’incroyable tour de chant qu’offre Marie Denise Pelletier avec la pièce Ce sont mes enfants. À 58 ans, la chanteuse n’a jamais été aussi en voix, ni en contrôle de son instrument. Frissons, chair de poule et compagnie, tout y est. Bref, voilà une performance qu’on n’oubliera pas de sitôt.

On se doit également de souligner celle de Gabrielle Fontaine qui brille dans le rôle de Serena Katz. Aussi efficace pour jouer la comédie que pour pousser la note, elle forme un duo particulièrement attachant avec Jordan Donoghue, qui prête ici ses traits au personnage de Nick Piazza.

Fausses notes

En revanche, si Fame nous propose de grandes performances vocales, le spectacle nous en propose d’autres un peu moins glorieuses.

La célébrissime chanson-titre, indubitablement le numéro musical le plus attendu de la soirée, s’avère au final légèrement décevante. Malgré toute sa fougue, la reprise livrée par Élisabeth Gauthier-Pelletier, alias Carmen Diaz, manque par moments de justesse et de précision.

C’est également le cas du danseur belge Junbox, l’interprète de Tyrone. Très à l’aise, et efficace, dans le rap, ses limitations vocales se font toutefois sentir lors de la chanson Danser sur les trottoirs où il doit pousser la note. Heureusement, le jeune homme parvient à éclipser entièrement ces lacunes grâce à ses aptitudes de danse tout simplement phénoménales.

Mention spéciale, également, à Lisa Palmieri, un de nos plus grands coups de cœur de cette production. Même dans un rôle de second plan, elle parvient à voler la vedette à chacune de ses apparitions sur scène grâce à son charisme et son indéniable talent pour la comédie. On l’avait remarquée il y a deux ans avec Mary Poppins, mais on la découvre encore davantage aujourd’hui. Et, chose certaine, on continuera de la surveiller

Fame, le film remarquable qu'a réalisé Alan Parker en 1980, a engendré une série télévisée pendant six saisons, ainsi qu'une incarnation en comédie musicale, conçue et écrite par David De Silva et José Fernandez, avec une nouvelle partition, signée Steve Margoshes et Jacques Levy, dans laquelle seule la chanson thème a survécu.

Serge Postigo signe la traduction, l'adaptation et la mise en scène de ce spectacle, qui se démarque essentiellement par ses astuces scéniques, ses projections et, surtout, ses numéros réglés au quart de tour. Les chorégraphies, signées Steve Bolton, impressionnent d'autant plus qu'elles mettent souvent en valeur plusieurs des 24 interprètes.

« N'allez pas croire que vous allez danser sur les toits des voitures sur la 46e Rue. Ce n'est pas le film ici ! », dit d'entrée de jeu la prof de français à ses élèves (et aux spectateurs), histoire d'envoyer un message clair à propos de la distinction entre les deux entités.

Sur le plan narratif, force est toutefois de constater que l'approche est plus laborieuse, même si la première partie de ce spectacle assez long (2 h 40 avec entracte) convainc davantage. 

L'arrivée de tous ces nouveaux élèves à la High School of Performing Arts de New York, qui décrocheront leur diplôme quatre ans plus tard, installe d'emblée un bon dynamisme. Le numéro au cours duquel les élèves font connaissance en mettant leurs talents en commun évoque l'esprit du fameux Hot Lunch Jam du film et se révèle spectaculaire, même s'il est complètement différent. Quand les cuivres se joignent à la fête, cette performance collective prend vraiment un bel envol.

ACCEPTER LA CONVENTION

Le récit fait ensuite quelques sauts dans le temps, et c'est là que le bât blesse. Aucune véritable montée dramatique ne mène à l'étape de la remise de diplômes, ainsi qu'au grand spectacle organisé pour l'occasion.

Il faut aussi compter un petit moment d'adaptation pour accepter la convention qu'on nous propose. Bien que l'intrigue soit campée à New York, la plupart des personnages, enfin, ceux qui n'empruntent pas de faux accents, s'expriment dans un français assez pointu. Il est aussi à noter que toutes les chansons, à part celle qui donne au spectacle son titre, sont livrées dans la langue de Molière.

Bien entendu, certains numéros - et certains artistes - se distinguent. C'est notamment le cas de Junbox, formidable en danseur freestyle hip-hop, et d'Élisabeth Gauthier-Pelletier, qui incarne la flamboyante Carmen Diaz. Son entrée au retour de l'entracte donne en outre lieu à un très beau numéro de flamenco.

Chez les vétérans, Marie Denise Pelletier, qui incarne une enseignante sévère très à cheval sur le règlement et la discipline, a droit à ce que nos amis anglos appellent un showstopper. À la première médiatique, tenue plus tôt cette semaine, son interprétation de Ce sont mes enfants (These Are My Children) lui a valu une ovation.

L'exploit est de taille, car aucune des chansons écrites pour ce spectacle, créé il y a 30 ans, n'est véritablement passée à la postérité. Out Here on My Own, immortalisée par Irene Cara dans le film original, est par ailleurs offerte en hors-d'oeuvre avant le spectacle par Audrey-Louise Beauséjour, première lauréate de la bourse Juste pour rire. Elle en fait une vibrante interprétation.

UN NUMÉRO SUPERFLU

Rythmé sans aucun temps mort (les enchaînements de tableaux sont d'une efficacité redoutable), le spectacle comporte néanmoins un numéro superflu, qui paraîtra même de mauvais goût dans les circonstances. La chanson Can't Keep it Down (Je ne la contrôle plus), livrée par un gaillard obsédé de la chose, se veut humoristique et raconte à quel point le pauvre jeune homme est incapable de maîtriser ses pulsions.

Avec tout ce qui s'est passé au cours des derniers mois, avec la vague du #metoo et les discussions sur la culture du viol et la notion du consentement entre autres, peut-être aurait-il mieux valu se garder une petite gêne sur ce plan.


Au fil des ans, Fame est devenu ce qu’il est convenu d’appeler une franchise. D’abord et avant tout, il y a le film réalisé par Alan Parker en 1980, poignant portrait de génération au High School of Performing Arts de New York, un incontournable des teen musicals. Suivit rapidement une télésérie, qui connut six saisons, puis un groupe, The Kids from Fame, qui donna cinq albums. En 2009, le cinéaste Kevin Tancharoen offrit un remake plus ou moins heureux. Quant à la comédie musicale, produite cet été par Juste pour rire, elle a été présentée aux quatre coins du monde depuis sa création en 1988.

En plus de ne pas s’inspirer du scénario initial, ni même de ses personnages, la comédie musicale de José Fernandez (livret), Jacques Levy (paroles) et Steve Margoshes (musique) fait également table rase des irrésistibles chansons signées Michael Gore. Ne vous attendez donc pas à retrouver Hot Lunch Jam, Dogs in the Yard ou Is It Okay If I Call You Mine ? Pas plus que la bouleversante I Sing the Body Electric. C’est un deuil qu’il est impératif de faire avant d’assister au spectacle. Les aventures initiatiques des jeunes Serena, Nick, Carmen, Mabel, Joe, Schlomo, Iris et Tyrone comportent tout de même quelques airs entêtants, à commencer par I Want to Make Magic et Bring on Tomorrow.

La mise en scène de Serge Postigo s’appuie sur des projections, jolies, quoique souvent accessoires, un plateau tournant tout à fait inutile, des chorégraphies énergiques mais tristement illustratives et un jeu généralement caricatural. S’il est franchement moins sexiste que Footloose, présenté dans le même créneau l’an dernier, le spectacle s’embourbe cette fois dans les clichés culturels, dépeignant les origines des personnages avec un humour qui manque cruellement de finesse. De l’accent à la gestuelle, en passant par la coiffure et le costume, les stéréotypes dominent de manière embarrassante. N’aurait-il pas été possible de traduire la diversité de ce groupe d’amis de façon plus inventive, plus moderne ?

En ce qui concerne le jeu, il y a bien peu à se mettre sous la dent. Valérie Laroche, Stéphan Allard et Jean-Raymond Châles campent des enseignants crédibles, mais qui passent en coup de vent. Quant à Marie Denise Pelletier, elle est aussi maladroite dans l’interprétation de l’intransigeante Miss Sherman que bouleversante lorsqu’elle entonne These Are My Children. Du côté des élèves, quelques-uns se démarquent : Ibrahim Elmi Galib, alias Junbox, un danseur hip-hop exceptionnel, Gabrielle Fontaine, qui déploie une voix puissante, mais surtout Jordan Donoghue, un interprète qui, grâce à un jeu sensible et à un timbre profond, aura certainement droit à des lendemains qui chantent.

Fame
Conception et développement : David De Siva. Livret : José Fernandez. Paroles : Jacques Levy. Musique : Steve Margoshes. Mise en scène, traduction et adaptation : Serge Postigo. Chorégraphies : Steve Bolton. Direction musicale : Guillaume St-Laurent. Une production de Juste pour rire. Au Théâtre St-Denis jusqu’au 21 juillet.

 

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